►►Dans son rapport du 30 juillet 2025, Amnesty International indique que l’administration coloniale française est responsable de la sécheresse dans le sud de Madagascar.
Afrique54.net‹ Selon l’ONG, les déplacements dus à la sécheresse dans le sud de Madagascar trouvent leur origine profonde dans les agissements de l’administration coloniale française. L’administration a introduit des cochenilles parasites pour éradiquer Opuntia monacantha, un cactus résistant à la sécheresse qui poussait dans la région. Cette politique a contribué à la vulnérabilité des Antandroy aux sécheresses, phénomènes que les autorités malgaches et les scientifiques associent depuis quelques années au changement climatique mondial.
Récemment, les effets du changement climatique à Madagascar ont aggravé les sécheresses et entraîné des déplacements de population vers la région Boeny, dans le nord, et d’autres endroits du pays.
Interpellation de la France
« La contribution de Madagascar aux émissions mondiales de carbone est négligeable. Malgré tout, les Antandroy sont parmi les plus touchés par une crise engendrée, en partie, par des pays à revenu élevé qui sont des émetteurs de longue date et par le régime colonial français. Il faut que la France assume sa responsabilité historique dans la crise actuelle et mette en place une justice réparatrice pour les préjudices causés aux Antandroy du fait de la colonisation », pense Tigere Chagutah, Directrice Régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique Australe.
Chagutah invite les pays à revenu élevé émetteurs de longue date à apporter un soutien financier à Madagascar. Ce soutien doit être accordé sous forme de subventions et de transfert de technologies sans danger pour l’environnement.
Entretien avec les Antandroy déplacés
Pour comprendre la détresse des personnes déplacées, une équipe d’Amnesty International s’est rendue dans six villages d’Antandroy déplacés et à la principale gare routière d’arrivée. Elle s’est entretenue avec 122 personnes déplacées, a consulté des représentants des autorités, des organisations locales et internationales, des universitaires et des scientifiques spécialistes du climat, et a analysé des images satellitaires.
Approché par Amnesty International, le gouvernement malgache a évoqué les efforts réalisés pour améliorer la capacité d’adaptation aux sécheresses dans le sud de Madagascar. Il a également expliqué que l’élaboration d’une stratégie locale pour faire face aux déplacements avait été retardée par manque de moyens logistiques et financiers. La réponse reçue n’abordait toutefois pas la question de la responsabilité de la France pour ses actions durant la période coloniale, les expulsions de 2021, ni l’inadéquation du site de réinstallation ouvert en 2023 en tant que projet pilote.
Manque de protection des Antandroy
D’après Amnesty International, les autorités malgaches n’ont pas protégé ni aidé les milliers d’Antandroy qui n’ont pas eu d’autre choix que de quitter leur région d’origine, l’Androy dans le sud de Madagascar, depuis 2017 à cause des famines imputables à la sécheresse. « En ne prenant pas de mesures suffisantes pour faire face aux effets de la sécheresse dans le sud ni pour protéger et aider les personnes déplacées, l’Etat a abandonné les Antandroy à plusieurs reprises », soutient Tigere Chagutah.
Entre 2018 et 2024, les famines causées par la sécheresse ont contraint environ 90 000 personnes du sud de l’île, principalement des Antandroy, à quitter leurs terres ancestrales.
© Afrique54.net │Lucien Embom